Non, monsieur ; C'est moi qui l'ai prêtée. SCÈNE 11 A des moralités d'ensemble et de détail, répandues dans les flots d'une inaltérable gaieté, à un dialogue assez vil dont la facilité nous cache le travail, si l'auteur a joint une intrigue aisément filée, où l'art se dérobe sous l'art, qui se noue et se dénoue sans cesse, à travers une foule de situations comiques, de tableaux piquants et variés qui soutiennent, sans la fatiguer, l'attention du public pendant les trois heures et demie que dure le même spectacle (essai que nul homme de lettres n'avait encore osé tenter), que reste-t-il à faire à de pauvres méchants que tout cela irrite ? LA COMTESSE. Non, monsieur ; un pareil outrage ne se couvre point. Voilà ta mère. Pourquoi ? SUZANNE. Ajoutez-les aux cinq du portefeuille : que reste-t-il des allusions qu'on s'efforce à voir dans l'ouvrage ? . SUZANNE. Eh, pourquoi ne pas s'adresser à moi-même ? On a tort. Non, non, je badine. Monseigneur a changé d'avis ?. (A part.) SUZANNE. Le Mariage de Figaro ne sera joué qu'en 1784, le Roi jugeant sa représentation (finalement triomphale) dangereuse. Vous faites déjà très bien tout ce que vous entreprenez, Fanchette ; et ma jolie cousine est si obligeante... Tu croyais, bon garçon, que cette dot qu'on me donne était pour les beaux yeux de ton mérite ? Mais, pour que tout reste au même état, voudrez-vous bien m'accompagner sans scandale et sans bruit, puisqu'il vous déplaît tant ?.., Une chose aussi simple, apparemment, ne me sera pas refusée ! SUZANNE, le caressant. LA COMTESSE, imitant le parler de Suzanne. Fanchette ! Il cherche à terre, et retrouve enfin l'épingle qu'il attache à sa manche. En général vous ne haïssez pas de rencontrer celui-ci. j'avais raison de le dire ; en quelque endroit qu'ils soient, croyez qu'ils sont ensemble. Celle-ci fut rude à arracher ! Des fautes si connues ! Marlbroug s'en va-t-en guerre (A Banholo.) Monseigneur, j'étais tremblant derrière. J'avais assez fait pour l'espérer. Mon Cher ami ! Direz-vous qu'on l'aime d'amour ? Il fait une Chaleur ici ! quelle école ? Qu'il s'avise de parler latin, j'y suis grec ; je l'extermine. C'est vous, c'est vous, madame, que le Roi devrait envoyer en ambassade à Londres ! Il a entrepris de séduire Suzanne, la servante de la comtesse, qui s’apprête à épouser son valet, Figaro. Elle me déplaît. Ah, Monseigneur, entendez-moi ! - Courez Conter à Figaro... SUZANNE le repousse vivement. FIGARO. Pourquoi non ? DEUXIÈME COUPLET Et le lâche en son enclos. SCÈNE 4 Le parterre est votre image : à mon mignon, si jamais volée de bois vert appliquée sur une échine, a dûment redressé la moelle épinière à quelqu'un... SCÈNE 14 Vous Consentiriez qu'elle s'y rendît ? FIGARO. Suzon, C'est le brevet d'officier. LES ACTEURS PRÉCÉDENTS, ANTONIO, Les amours de monsieur BAZILE ? André Petrutchio, laboureur ; contre le receveur de la province. Il s'agit d'un forcément arbitraire. Non, s'il vous plaît ! LA COMTESSE, troublée, se lève. Je reprends ma trousse et mon cuir anglais ; puis, laissant la fumée aux sots qui s'en nourrissent, et la honte au milieu du chemin comme trop lourde à un piéton, je vais rasant de ville en ville, et je vis enfin sans souci. SUZANNE FIGARO, très vite. Ah ? Eh bien, madame, est-ce qu'on peut titre finir ce petit démon-là ? Il a entrepris de séduire Suzanne, la servante de la comtesse, qui s’apprête à épouser son valet, Figaro. Pourquoi ce Figaro qu'on va tant écouter Est-il avec fureur déchiré par les sots ? On dit qu'il ne faut pas écouter ! Mais parlez bas ! Une fille ! C'est toi qui payeras pour tout le monde. Le caractère et l'habit comme dans Le Barbier de Séville, il n'est ici qu'un rôle secondaire. C'est Figaro ! Et c'est mon devoir. SUZANNE, bas à Figaro. Scène 7 CHÉRUBIN. FANCHETTE. Puis, quand ils sont bien animés, j'écris sous leur dictée rapide, sûr qu'ils ne me tromperont pas ; que je reconnaîtrai BAZILLE, lequel n'a pas l'esprit de Figaro, qui n'a pas le ton noble du Comte, qui n'a pas la sensibilité de la Comtesse, qui n'a pas la gaieté de Suzanne, qui n'a pas l'espièglerie du page, et surtout aucun d'eux la sublimité de Brid'oison. L.HUISSIER. Après votre chute de ce matin, qui vous a foulé le pied droit ! ... Est-Ce là ce que Monseigneur voulait ? Vous, sans manteau, le Col et les bras nus ! Je ne l'ai pas entendu, madame. . espèce de rideau, de portemanteau, de je ne sais pas quoi, qui couvrait des hardes ; sans faire semblant de rien, je vais doucement, doucement lever ce rideau (pour imiter le geste, il lève la robe du fauteuil), et je vois... (Il aperçoit le page. ) ET... OU... Le mot est si mal écrit... il y a un pâté. Eh, qu'est-ce qu'il y a ? _ ANTONIO. Laisse là ma figure, et ne vantons que sa vertu. un joueur effréné, sans l'envelopper de fripons, s'il ne l'est pas déjà lui-même ? Adieu, mon petit Chérubin. Parbleu ! On n'est pas plus coquine que cela. Et que lui veut ma petite cousine ? Il secoue le bras de Gripe-Soleil. Tu disais donc ? Je ne suis pas entré au Château pour en faire les commissions. SCÈNE 9 C'est sur la terrasse qu'il le faut, vis-à-vis son appartement. Sa mère ! FIGARO. Voilà tout, rien de plus. LA COMTESSE la déplie. Son riche vêtement, au premier et second actes, est celui d'un page de Cour espagnol, blanc et brodé d'argent ; le léger manteau bleu sur l'épaule, et un chapeau chargé de plumes. Scène 2 BARTHOLO. LA COMTESSE. Qui m'a dit le tenir d'un paysan. Qui sait le sort d'un enfant jeté dans une carrière aussi dangereuse ? ... Noblesse, fortune, un rang, des places, tout cela rend si fier ! vos droits ! LA COMTESSE. Elle est à moi. Quel soufflet ! Je suis bien aise que Madame l'ait vu. monsieur, monsieur, votre colère me fait trembler pour lui. C'est mon époux ! Le mariage de Figaro BEAUMARCHAIS. CHÉRUBIN. Hé, qu'est-ce qu'il y a ? BAZILE. SUZANNE. Ce n'est pas la honte qui me retient. SUZANNE. Tu diras tout ce que tu voudras. Hélas ? Son petit habit est un juste brun avec des ganses et des boutons d'argent, la jupe de couleur tranchante, et une toque noire à plumes sur la tête. N'est-ce pas Suzanne que j'aperçois ? Pardon, je suis d'une confusion ! SUZANNE lui baise la main. Tout le monde exige son pardon, je l'accorde ; et j'irai plus loin : je lui donne une compagnie dans ma légion. CHÉRUBIN. Et ce BAZILE qui devait s'opposer au mariage de Marceline, voyez Comme il revient ! Qu'un mari sa foi trahisse, Ajoutez-y le pédantesque abus de ces autres grands mots, décence et bonnes moeurs, qui donnent un air si important, si supérieur que nos jugeurs de comédies seraient désolés de n'avoir pas à les prononcer sur toutes les pièces de théâtre, et vous connaîtrez à peu près ce qui garrotte le génie, intimide tous les auteurs, et porte un coup mortel à la vigueur de l'intrigue, sans laquelle il n'y a pourtant que du bel esprit à la glace et des comédies de quatre jours. Suzanne lui barre le chemin ; il la pousse doucement, elle recule, et se met ainsi entre lui et le petit page ; mais, pendant que le Comte s'abaisse et prend sa place, Chérubin tourne et se jette effrayé sur le fauteuil à genoux et s'y blottit. LE COMTE. Vous l'épousez bien ! Ah ! Allons, monsieur le Comte, ils brûlent de s'unir : leur impatience est naturelle ! Quoi qu'il en soit, La Folle Journée resta cinq ans au portefeuille ; les Comédiens ont su que je l'avais, ils me l'ont enfin arrachée, S'ils ont bien ou mal fait pour eux, c'est ce qu'on a pu voir depuis. SUZANNE arrache la romance. FIGARO. Eh bien, espiègle, vous n'applaudissez pas ? SUZANNE, outrée. Scène 3 SUZANNE, faisant la révérence. LE COMTE, à part. Un homme aux pieds de la Comtesse ! Faites donc une fois griller les croisées qui donnent sur mes couches. LE COMTE, ouvrant le pavillon. LE COMTE, vite. Qui vous estime beaucoup, madame. LE COMTE. Et ne devez-vous pas me passer un peu de morale en faveur de ma gaieté, comme on passe aux Français un peu de folie en faveur de leur raison ? Il y a souvent très loin du mal que l'on dit d'un ouvrage à celui qu'on en pense. Ah ! SCÈNE 3 derrière ce fauteuil... assez mal ; mais renvoie-le bien vite. mais qu'elle est imposante ! BRID'OISON. Me feriez-vous un crime de refuser une vieille fille, quand votre Excellence se permet de nous souffler toutes les jeunes ! (Haut.) BAZILE. SUZANNE le retient et s'écrie. Une révérence. FIGARO. Il n'est pas Chez lui, Monseigneur. elle est femme, elle est fille ! Sentais mes pleurs couler. Et Suzanne, mon épousée, où croyez-vous qu'elle soit ? Il est assez effronté, mon petit projet ! Livraison Gratuite*.Vente de Le mariage de Figaro pas cher. BRID'OISON, à Marceline. Est-il possible ? à délices ! SUZANNE. FANCHETTE. Pouvez-vous, Figaro, traiter si légèrement un dessein qui nous coûte à tous le bonheur ? Allez-vous-en, .méchant homme ! Allons, madame, il ne faut pas vous faire prier pour en sortir, puisqu'on ^sait que vous y êtes entrée. Est-ce que je le suis ? SCÈNE 13 Qui fait tout pour le gagner. Je suis vite accouru... je vois avec joie qu'il n'en est rien. LA COMTESSE, SUZANNE Regardez comme on arrange mes giroflées ! Ah ! LE COMTE, à part. Vous aussi, Monseigneur ? Or, puisqu'il faut être au moins considérée, que toute femme en sent l'importance, effrayons d'abord la Suzanne sur la divulgation des offres qu'on lui fait. LA COMTESSE. Si l'Amour porte des ailes, ANTONIO. SCÈNE 15 Cela vaut mieux. Et si je vaux mieux qu'elle ? Eh ! Ma Suzanne, un Castillan n'a que sa parole. Délicieuse créature ! Il n'y a pas là d'étourderie. Pour nos gens ! Une assertion si simple et si loin du sarcasme devait-elle exciter le murmure ? Encore mieux. Tant pis pour qui s'en inquiète. GRIPE-SOLEIL, à Figaro. Hélas ! BAZILE. vous la garderez... longtemps ; mais il faut avant que j'en chasse un insolent, de manieur à ne plus le rencontrer nulle part. ANTONIO, demi-gris, tenant un pot de giroflées écrasées. HUITIÈME COUPLET LE COMTE, se contenant. Aussi, dans l'ouvrage que je défends, le plus véritable intérêt se porte-t-il sur la Comtesse ; le reste est dans le même esprit. Pas plus de page que sur ma main. SUZANNE est à genoux, et, pendant les derniers vers du duo, elle tire le COMTE par son manteau et lui montre le billet qu'elle tient : puis elle porte la main qu'elle a du côté des spectateurs à sa tête, où LE COMTE a l'air d'ajuster sa toque ; elle lui donne le billet. I-il faut la voir. FIGARO regarde et dit vivement. vous voulez m'en donner... à garder. Ah ! FIGARO. Scène 18 LA COMTESSE. LE COMTE. Le malheur est qu'ils ne rient point ; et ils ne fient point à ma pièce, parce qu'on ne rit point à la leur. Homme de bien qui feignez d'ignorer, nous ferez-vous au moins la faveur de nous dire quelle est la dame actuellement par vous amenée dans ce pavillon ? Plus bé-ête encore que monsieur ! Un plus adroit, n'est-ce pas, serait resté en l'air ? quand elles Sont sûres de nous ! Et si je ne buvais pas, je deviendrais enragé. ANTONIO. alternative OU qui séparé lesdits membres ; je payerai la donzelle, OU je l'épouserai. C'est différent. Examinons en effet avant d'accuser et d'agir. Au diable la maîtresse ! Eh ! LE COMTE. (A part. FIGARO. Une spatule à ton bras droit ? Et c'est ce que l'auteur a mis avec gaieté dans la bouche de Suzanne, quand elle dit à cet enfant : Oh ! Les coeurs vont te revenir en foule. croyez-vous, messieurs, que j'eusse un talisman pour tromper, séduire, enchaîner la censure et l'autorité, quand je leur soumis mon ouvrage ? BAZILE entre en chantant sur l'air du vaudeville de la fin. quoi ? MARCELINE, courant prendre Bartholo à bras-le-corps, le ramène. Ma bêtise et ta lâcheté. Que j'ai toujours, Madame ; et c'est à ce titre que je me rends. FIGARO. Il s'avance. Dans l'hôtel ? LE COMTE, à part. Monseigneur te croira parti ; tiens-toi seulement hors de sa vue ; je me charge de l'apaiser après la fête. En quoi Superbe ? SCÈNE 26 S'ils font quelque mouvement grave dans la scène, il est désigné par un nouvel ordre de noms, écrit en marge à l'instant qu'il arrive. La plus badine des intrigues. ACTE III mais qui donc ? elle vous sangle un soufflet de crocheteur : preuve qu'elle entend. Il faut obéir, ma cousine : heureusement personne ne vous a vue. LES ACTEURS PRÉCÉDENTS, Scène 12 ... on te croit jugé, quand chacun songe à son affaire. Le mariage de Figaro; REF : 9780729408028 . Madame tremble ! FIGARO rit en se relevant. MARCELINE, exaltée. La préf.. (Se contenant.) qui pourrait m'en exempter, Monseigneur ? Je vous suis. Ah ! Je vais recommander de le cacher si bien... La lune devrait être levée. (Il parle au cabinet.) Elle a toujours raison. LA COMTESSE, piquée. Là près d'une fontaine, Figaro, valet frondeur qui entend se marier avec Suzanne, y défie son maître Almaviva, qui essaie de son côté par tous les moyens d'obtenir les faveurs de sa fiancée. LE COMTE. Fort bien, madame. puis on joue la ritournelle du duo, pendant laquelle ANTONIO conduit SUZANNE au COMTE ; elle se met à genoux devant lui. Sa femme. Et moi aussi, je le sais. La perfide ! FIGARO. Coquine ! CHÉRUBIN. LES ACTEURS PRÉCÉDENTS, excepté LE COMTE Malgré leurs cris, la pièce a été jugée, sinon le meilleur, au moins le plus moral des drames, constamment jouée sur tous les théâtres, et traduite dans toutes les langues. Non, dissimulons avec eux, pour les enferrer l'un par l'autre. SUZANNE, LE COMTE, CHÉRUBIN, caché. oui chef on ne l'aura, vois-tu, qu'avec ma vie. . LA COMTESSE. LE COMTE, FIGARO FIGARO, SUZANNE, LA COMTESSE, assise LE COMTE, revenant à lui. Crains-tu qu'il ne t'entende pas ? Me livrant à mon gai caractère, j'ai depuis tenté, dans Le Barbier de Séville, de ramener au théâtre l'ancienne et franche gaieté, en l'alliant avec le ton léger de notre plaisanterie actuelle ; mais comme cela même était une espèce de nouveauté, la pièce fut vivement poursuivie. je suis sans armes. (Ii retombe assis.) LA COMTESSE regarde au fond. LE COMTE. LA COMTESSE détache sa lévite. . Sait-on gré du superflu à qui nous prive du nécessaire ? FIGARO, LA COMTESSE, avec les habits de Suzon, et si j'en avais pris le sens pour l'enfermer dans quelque trait, je mériterais le reproche qu'on fait gratuitement au, mien. LA COMTESSE, haut. FANCHETTE. Laisse-le parler. ... Je n'ai pas trop compris ce qui vous avait forcé tantôt de courir un danger inutile, en vous jetant... Tu conviens donc enfin du billet ? Ni vous ! Ah ! MARCELINE, vivement. Ce secret met en lumière mes enfants, combien je vais aimer ! LA COMTESSE. Et quelle maxime plus juste au théâtre peut servir de frein aux puissants, et tenir lieu de leçon à ceux qui n'en reçoivent point d'autres ? ANTONIO, à Marceline, montrant les juges. C'est fête aujourd'hui dans le troupiau ; et je sais ous-ce-qu'est toute l'enragée boutique à procès du pays. En faveur du badinage SCÈNE 17 SUZANNE. FIGARO, vite. SUZANNE lui donne un soufflet. Charmante ! FIGARO. Et cette estime est-elle autre chose qu'un jugement, qui n'est même aussi flatteur pour les bons magistrats qu'en raison de sa rigueur excessive contre les mauvais ? Et qu'est-ce que cela fait, Monseigneur, dès qu'il n'y a personne de blessé ? Vous n'auriez pas été si émue, en le congédiant ce matin ; il serait parti quand je l'ai ordonné ; vous n'auriez pas mis tant de fausseté dans votre conte de Suzanne, il ne se serait pas si soigneusement caché, s'il n'y avait rien de criminel. FIGARO. Oui, Monseigneur. Votre servante, madame ; il y a toujours quelque chose d'amer dans vos propos. Il met son chapeau et s'enfuit. C'est-il çà de l'amour ! Il baise la main de la Comtesse. J'irai bien, Monseigneur, si cela vous plaira. Est-ce notre faute, à nous, si voulant museler un renard, nous en attrapons deux ? LE COMTE. Le Comte alors ne pourrait nier... Avoir puni sa jalousie, et lui prouver son infidélité, cela serait... Allons : le bonheur d'un premier hasard m'enhardit à tenter le second.