où atterrir comment s'orienter en politique analyse

D’où l’importance de savoir comment s’orienter. Alors, comment voir là une chance, et non l’annonce de la grande catastrophe, à la fois inévitable et irréversible, qui, à défaut d’être la fin de toutes choses, mettrait fin à l’histoire ? Pour le dire avec les mots d’aujourd’hui, le moment serait venu de changer de logiciel, au minimum d’être moderne autrement, ce qui revient à cesser de l’être dans sa forme usuelle, une forme qui, à force d’avoir été usée et abusée, s’est simplifiée au point de s’être desséchée, désactivée, ce qui fait obstacle au besoin de penser ce qui est en train d’arriver et constitue pour elle l’impensable par excellence. Cela, on l’a cru très longtemps, ou tout au moins on a voulu continuer à le faire croire, et à faire croire qu’on y croyait, ce qui soulève immédiatement le problème de savoir « qui » est au juste le « on » porteur de cette conviction qu’il a forgée de toutes pièces. En en proposant à la lumière de ce qui s’est passé ensuite une interprétation rétrospective, on a cru voir dans ces demandes une annonce anticipée du grand mouvement politique de la Révolution française. Or, en clôture de son livre, Latour assume à titre personnel la responsabilité et le risque de prendre nettement position à ce sujet, dans une conjoncture où il n’est pas aisé de s’orienter en indiquant ne serait-ce qu’à titre d’hypothèses des lignes d’intervention, et où le refus de le faire, donc le refuge hautain dans l’abstention, est encore une manière, la plus mauvaise possible sans doute, de faire un choix tout en s’épargnant la peine d’en préciser l’allure et d’en expliciter les raisons. Pour ces élites, la question de savoir comment s’orienter en politique ne se pose donc pas, ou ne se pose plus : partir indifféremment dans un sens ou dans l’autre, changer à vue d’orientation, ne fait pas pour elles difficulté. Par Bruno Latour. Cette force des choses est dénuée d’intentionnalité ou de finalité, elle ignore la distinction de l’ordre et du désordre, du bon et du mauvais, du beau et du laid : mais on aurait tort d’en conclure qu’elle est neutre pour autant, donc qu’elle n’intervient d’aucune façon dans le conflit des valeurs même si elle reste sur le fond indifférente à leurs enjeux déclarés qui ne signifient rien pour elle, surtout quand ils revêtent une forme institutionnelle. Mais dans ce cas le problème de l’organisme serait simplement déplacé pour devenir le problème de cet environnement déterminé. Ce qui se passe aujourd’hui, c’est que cette opération de détournement bute sur un obstacle qu’elle ne peut franchir. À vrai dire, le discours tenu sur un ton emporté par Latour paraît parfois, souvent ?, flirter avec ce genre de tentation : l’événement disruptif qu’il s’efforce de penser dans un contexte où les cartes ont été rebattues, ce qui ne peut manquer d’avoir des incidences sur la manière même non seulement de penser l’événement en question mais de penser considéré dans sa généralité, quelle que soit sa cible, le conduit spontanément à traiter le troisième partenaire qui est venu perturber le dialogue culturel interhumain comme un intrus, donc en fin de compte comme quelqu’un, un grand Quelqu’un, qui, étant sorti de l’ombre, s’est mis à donner de la voix avec suffisamment d’énergie pour que sa présence s’impose, au sens fort de l’expression, c’est-à-dire en titre et en personne. Comment s'orienter en politique - de Bruno Latour (éd. Tout se passe en effet comme si une partie importante des classes dirigeantes était arrivée à la conclusion qu'il n'y aurait plus assez de place sur terre pour elles et pour le reste de ses habitants. Ne répondant à aucune finalité objective, elles sont formulée dans un esprit où la demande a priorité sur la réponse qu’on va lui apporter, donc n’est pas configurée en fonction de possibilités ou de prescriptions définies antérieurement à sa formulation. Une zone critique étant un site aux frontières mal définies où règne l’ambivalence, il ne reste qu’à y risquer une chance, quitte à essayer autre chose si ça ne marche pas, sans illusions, aussi lucidement qu’il est possible dans un contexte où ne s’offrent pas, comme sur un plateau, d’idées parfaitement claires qui s’imposent sans discussion. La Découverte. En réalité, de pôles effectivement agissants entre lesquels il faut s’orienter en l’absence de repères fixes, il n’y en a que trois, car le quatrième, celui du « Hors-sol », s’est, de la manière même dont il se définit, posé à l’écart du jeu collectif, ce qui est à ses yeux la meilleure façon d’en récupérer les mises avant que ne se produise la déflagration finale. » (p. 18, « L’événement massif qui est venu mettre en péril ce grand projet de modernisation : de toutes façons, celui-ci est devenu impossible, puisqu’il n’y a pas de Terre qui soit de taille à contenir son idéal de progrès, d’émancipation et de développement […] Et du coup personne n’a de réponse à la question : comment trouver un sol habitable ? Latour interprète cette expérience singulière comme une « description des terrains de vie »43 : il s’agissait d’un état des lieux provisoire, en suspens du fait d’apparaître à travers un ensemble de revendications qui ne s’additionnaient pas mécaniquement les unes aux autres, ce qui ne les empêchait pas d’être l’expression d’un ébranlement qu’elles rendaient impossible à ignorer, même s’il n’était pas possible d’en fournir une interprétation immédiatement déchiffrable. Un tel discours a le mérite de clarifier les choses : il met en pleine lumière les enjeux auxquels confronte la situation présente : y a-t-il encore un monde à partager en commun, et cela vaut-il la peine d’en planifier le partage ? Un petit livre par le nombre de pages et le format, mais dense, riche, grand par le contenu. « On », un corps politique qui dispose d’une homogénéité factice sans cesse en cours de décomposition et de recomposition, a fini par se répandre et par se dissoudre dans une espèce de toile aux contours mal définis où il s’est, sinon tout à fait dématérialisé, du moins soustrait à toute tentative d’identification qui le rendrait définitivement reconnaissable : et il a acquis, grâce à cette dispersion, qui le place hors de toute atteinte directe, la puissance formidable dont dispose un Être invisible qui n’offre plus de tête à couper et qui, tel un phénix, a la capacité de renaître de ses cendres. » (p. 29. L’homme en général ? lobbyistes politiques. Peut-on continuer à faire de la politique comme si de rien n'était, comme si tout n'était pas en train de s'effondrer autour de nous ? Parler d’orientation en se servant du terme substantif signifie se diriger à l’intérieur d’un champ qui se présente en étant déjà balisé à l’aide de repères fixes et identifiés, ce qui permet en faisant suffisamment attention de s’y reconnaître, de s’y retrouver. On serait tenté de rétorquer, pour tordre le bâton dans l’autre sens, que l’humanité ne se pose que des problèmes qu’elle ne peut pas résoudre : mais ce n’est pas non plus satisfaisant. L’Europe est mondiale à sa façon, comme tous les terrestres. Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search. Pris dans de tels réseaux qu’il n’arrête pas de construire et de déconstruire, sans cesse en mouvement, en déplacement, multiforme et multiforce, le Terrestre n’est pas quelque chose, ni a fortiori quelqu’un, considéré en particulier : il n’est rien d’autre que l’ensemble en devenir du commun d’où émergent des figures d’appartenance, d’alliance et de transmission, qui n’existent qu’à l’essai. Il propose d'analyser les prises de position des différents acteurs politiques face à cette situation. Dans un système d’engendrement, on a affaire partout à des forces innombrables qui agissent sur d’autres forces : tout y est simultanément agent et patient, dominé et dominant. « Toute la désorientation actuelle vient de ce surgissement d’un acteur qui réagit désormais aux actions des hommes et interdit aux modernisateurs de savoir où ils se trouvent, dans quelle époque, et surtout quel rôle ils doivent dorénavant y jouer. Ceci étant précisé, il reste que la condition dont Latour essaie de faire prendre conscience, dans l’urgence d’un événement qui s’apparente lui aussi à un naufrage8, est très différente. La question de savoir comment s’orienter en politique se joue donc pour l’essentiel, à présent, entre trois partenaires ou protagonistes autour desquels se configure le nouvel espace qui est en train de s’installer et est à la recherche de sa forme définitive. « Tout se passe comme si une partie importante des classes dirigeantes (ce qu’on appelle aujourd’hui de façon trop vague « les élites ») était arrivée à la conclusion qu’il n’y aurait plus assez de place sur terre pour elles et pour le reste de ses habitants. « On », la nouvelle figure du Pouvoir, c’est donc beaucoup trop de monde à la fois pour qu’on puisse commodément s’y retrouver en s’appuyant sur des oppositions terme à terme permettant de s’affirmer clairement pour ou contre : pour le progrès contre la tradition par exemple. Dans cette perspective, « on », aujourd’hui, ce n’est plus personne en particulier, c’est tout le monde ou n’importe qui, hors le maillage qui permettait de distinguer nettement dominants et dominés et de mettre un peu d’ordre et de régularité dans leurs affrontements : ils ont été mis tous ensemble dans le même sac, en désordre, ce qui les rend aisément manipulables, du moins la plupart. Pour avancer, ne serait-ce qu’un peu, sur ce point, il faut réexaminer ce qu’on entend par « force des choses », si toutefois cette expression convient pour caractériser ce qui donnerait contenu au nouveau matérialisme. Sciences Po . Autrement dit, chaque participant au Terrestre, s’il a à se faire un monde à soi ordonné en fonction de ses intérêts, – sur ce point l’analyse de Uexküll est inattaquable –, ne peut s’exempter totalement du fait qu’il n’est pas seul à mener ce genre d’entreprise : dans celle-ci sont impliquées, d’une part les données liées à la réalité matérielle de l’univers sur lesquelles il n’a pas prise absolument, et d’autre part les actions menées de tous côtés par d’autres intervenants qui, non moins que lui, même si ce n’est pas de manière identique ni avec les mêmes moyens, doivent eux aussi se faire une place, autant qu’il est en eux de le faire, à l’intérieur d’un monde dont ils finissent tous par découvrir dans la sueur et dans les larmes, à leurs dépens le plus souvent, qu’il n’est pas à eux mais qu’ils sont à lui. Mais, comme il ne pouvait oublier sa condition naturelle, il songeait en même temps qu’il recevait ces respects qu’il n’était pas ce roi que ce peuple cherchait, et que ce royaume ne lui appartenait pas. Il n’en va plus de même à présent : en cela consiste l’événement qu’il faut, dans l’urgence, penser, ce qui oblige à inventer de nouveaux repères en vue de s’orienter dans la pensée alors même que les lignes de l’orientation ont bougé. La fable imaginée par Pascal prend pour sujet une personne livrée au hasard des vents et de la fortune qui l’ont mise en situation d’usurper une place à laquelle elle n’était d’aucune façon destinée, et l’ont ainsi installée dans une posture de double bind qui la déchire mentalement : la condition royale, la position de maîtrise qui lui est impartie n’est pas vraiment sienne, car elle ne la mérite pas par elle-même, ce qu’elle ne peut ignorer ; cette condition est le résultat de coïncidences extraordinaires qui sont à la merci du moindre incident et ne disposent en elles-mêmes d’aucune légitimité, ce qui n’empêche pas la personne qui en est gratifiée d’en profiter en faisant comme si la condition qui lui est impartie sans raison valable représentait réellement sa nature propre, et comme si elle y avait droit pour l’éternité. Être matérialiste revient à reconnaître la puissance de la force des choses contre laquelle il n’y a rien à faire, pour la simple raison quelle occupe toute la place disponible : prendre distance avec elle c’est encore lui obéir, à ceci près qu’elle ne donne aucun ordre susceptible d’être interprété dans un sens ou dans un autre. Comment s’orienter en politique, on est d’abord frappé par la véhémence du ton, qui produit un effet de sidération1. Où Atterrir ? Une démocratie qui se serait placée sous le règne d’une pensée unique, ordonnée de façon définitive, aurait signé son arrêt de mort à plus ou moins longue échéance ; de même, une Europe ayant trouvé une forme définitivement harmonisée, campée sur son territoire aux limites bien définies, se métamorphoserait en un Empire potentiel où les voix nécessairement plurielles de la démocratie seraient condamnées au silence. Changer de logiciel. Publié dans notes de lecture. Le processus de la mondialisation a fini par détacher ce corps de l’existence des nations « naturelles » ou réputées telles, qui sont en réalité les produits d’histoires dans lesquelles le hasard des occasions a joué le rôle principal, ce qui expose ces productions à se défaire comme elles se sont faites, par accident, sans garantie légitime, en l’absence de l’intervention de quelque finalité que ce soit10. D'où l'importance de savoir comment s'orienter. Les cartes ont été rebattues, la donne a changé, suite à l’irruption, ce qui n’était pas prévu, d’une troisième instance qui a perturbé le dialogue terme à terme installé par la pensée binaire : un troisième « attracteur », comme le nomme Latour, est venu déranger ce commode face-à-face, qu’il a rendu intenable13). Comme l’énonce le refrain de la chanson du Mahagonny de Brecht dont Ernst Bloch a fait le leitmotive de l’esprit d’utopie, « etwas fehlt », « quelque chose manque », « comme çà, ça ne va pas » : il faut que ça change, et pas pour rester la même chose. Après tout, avons-nous tant que ça besoin d’Europe ? L’espace n’est plus celui de la cartographie, avec son quadrillage de latitudes et de longitudes. Ceci posé, en découle dans une certaine urgence l’appel à une véritable politique de la pensée. On a souligné la réticence de Latour à donner immédiatement un nom au troisième attracteur. Profilé de cette manière, le « nouveau matérialisme » ne serait rien d’autre en fin de compte qu’une entreprise d’abstraction déréalisante dont la dimension culturelle est manifeste31. Les cartes ont été redistribuées, une nouvelle partie commence et, les règles ayant été modifiées, il n’est pas du tout évident de la gagner ; en tout cas, il est exclu de la jouer de la manière habituelle. Comment s’orienter en politique. Livre récit, fiction et cri et non théorie construite et analyse rigoureuse. En conséquence, une fois qu’on y est entré, on ne peut échapper à la nécessité d’interférer avec d’autres composantes de ce lieu commun dont ses occupants divers se disputent l’usage, et duquel chacun tire assistance à moins qu’il ne représente une menace, un risque de destruction : le commun qui constitue son étoffe, ou la matière qu’il brasse et rebrasse sans fin, est en permanence exposé à des variations, que celles-ci soient liées à des intrusions ou à des débordements. Lever le voile d’Isis est une tâche infinie : comme dans le cas des masques de carnaval au Mexique, derrière un voile s’en cache un autre, puis encore un autre, etc., et seule la foi du charbonnier amène à croire que cela pourrait s’arrêter. » (p. 11) L’appel à des émotions, dont aucune politique ne peut faire l’économie, est ici crucial. « Tous [migrants extérieurs et migrants intérieurs] se retrouvent devant un manque universel d’espace à partager et de terre habitable. G. Canguilhem, « Le vivant et son milieu », in. Où atterrir ? C’est la prise en compte de cet exemple historique qui l’amène pour finir à soulever, au présent, la question : « Serions-nous moins capables que nos prédécesseurs de définir nos intérêts, nos revendications, nos doléances ? Pourquoi cette impasse de l’écologie politique ? Chloé Delaume sort son premier album de musique. « À gauche, les choses mêmes, à droite la société libre des sujets parlants et pensants. Elles ont opéré le grand retour à l’état de nature, qui était le programme secret du capitalisme dès son origine : être « sauvage », libre par rapport à tout contrôle et à toute attache, était sa vraie vocation qu’il est parvenu à accomplir envers et contre tous, envers et contre tout, en authentique révolutionnaire qu’il est à cet égard. Contre qui allez-vous devoir lutter ? C’est à ce moment que l’histoire a son mot à dire, un mot qui n’est ni facile ni agréable à entendre, un mot qui barre la tentation de penser à sens unique en prétendant être dans la bonne direction, la vraie direction, une direction qui se présente comme unique, la seule possible. Du même coup, c’est le fait de penser en tant que tel qui se trouve remis en question par l’événement et par le dérangement dont il est la cause : il n’est pas seulement quelque chose de plus à penser, au titre d’un donné à côté d’autres et venant s’y ajouter, mais interpelle le fait même de penser, en forçant à revoir sur le fond ses attendus ; de là la nécessité de repenser la pensée en même temps qu’on en enrichit le contenu par un apport venu de l’extérieur, d’une manière qui forcément modifie ses allures. Sans s’en rendre compte, il a peut-être eu la vision prémonitoire d’un processus qui est aujourd’hui manifeste : le Pouvoir s’est caché pour mieux exercer une domination qui a revêtu des formes diffuses et s’est partout répandue. Exister, dans tous les cas, c’est être exposé à cette ambivalence qui est la conséquence du fait que le commun n’est pas a priori harmonisé et unifié, ce qui oblige en permanence à en renégocier en pratique l’organisation. Mais ce genre de profession de foi, avancée à un moment où il est exclu de trouver quelque chose de ferme à quoi s’accrocher, est bien politique au sens qu’on a tenté précédemment de caractériser : elle répond à la nécessité d’aller, d’aller quand même quelque part, alors même qu’on ne sait pas exactement où aller ni comment s’y prendre pour y aller. C’est la question que tout le monde aujourd’hui se pose à voix haute ou à voix basse, sous des formes diverses qui combinent dans le désordre et sans qu’il soit évident de les démêler arguments raisonnés et motivations affectives, entre bonne et mauvaise conscience. Mais quel est l’organisme terrestre dont on peut dire où il commence et où il s’arrête ? » (p. 10, « Pour la première fois, un mouvement de grande ampleur ne prétend plus affronter sérieusement les réalités, Selon Latour, l’élection de Trump marque à cet égard le tournant : elle « entérine, pour le reste du monde, la fin d’une politique orientée vers un but assignable. Portail de ressources électroniques en sciences humaines et sociales, De la production à la productivité par Pierre Macherey | histoireetsociete, https://www.cairn.info/revue-francaise-d-ethique-appliquee-2016-2-page-74.htm, En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées, À quoi les articles font-ils penser ? Elle revient à dire : laissez (- nous) faire, et tout s’arrangera, pas pour tout le monde sans doute, mais peu importe ! Le processus de la mondialisation a fini par détacher ce corps de l’existence des nations « naturelles » ou réputées telles, qui sont en réalité les produits d’histoires dans lesquelles le hasard des occasions a joué le rôle principal, ce qui expose ces productions à se défaire comme elles se sont faites, par accident, sans garantie légitime, en l’absence de l’intervention de quelque finalité que ce soit, En tout premier lieu, il faut prendre conscience que, la donne ayant changé, la question de l’orientation ne peut plus se poser de la même façon. Finalement, le Terrestre pourrait n’être rien d’autre qu’un gigantesque dispositif musical à géométrie variable : ses éléments se renouvellent sans cesse ; le fait de jouer ensemble ne les empêche pas de partir chacun de son côté ; ils essaient de s’entendre ; parfois ils y parviennent ; mais, le moment suivant, tout est à recommencer ; le morceau qu’ils exécutent et dont ils composent au fur et à mesure la partition qui n’est pas déjà toute écrite ne s’arrête jamais. La formule du jeune Marx, qui a été citée à tort et à travers en étant extraite de son contexte, selon laquelle « l’humanité ne se pose que des problèmes qu’elle peut résoudre » est une absurdité. - Comment s'orienter en politique (Bruno Latour). Il évoque la nécessité de se rappeler, donc de s’abstenir de refouler la mémoire d’un passé devenu trop lourd à porter. Ce qui caractérise en effet une zone critique, c’est que, s’y trouvant, on a du mal à savoir où on est, et même à savoir si on se trouve réellement quelque part : cette situation trouble génère un état d’esprit tout à fait particulier. Il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser : les désordres actuels, dont tout le monde pâtit sous différents biais, ce qui installe un climat général d’intranquillité, s’inscrivent dans le temps long d’une histoire dont il serait vain de nier qu’elle a commencé « ici » à avoir lieu, et nulle part ailleurs.
où atterrir comment s'orienter en politique analyse 2021